mercredi 26 septembre 2012

❍ WARMI Polyphonies FW13 ✵❍


Déjà sur plusieurs articles du blog Paradigme je présentais une de mes marques fétiche Warmi.


(Que vous pouvez lire ou relire en cliquant sur les liens ci-dessous :)





La nouvelle collection est à couper le souffle et accessoirement elle sert aussi à stoper nos prochains frissons.
Des collections toujours mises en scène et photographiés par la talentueuse Cécilia Jauniau .

 


Aussi, cette fois-ci, je me permets de retranscrire une interview de Sylvia Sanchez Toth la créatrice adepte du "slow fashion" :
Sylvia Toth par Cécilia Jauniau

Interview :
Bonjour Sylvia, tu es née en Colombie et tu as travaillé en tant que consultante chez Lacroix, ou encore Kenzo à Paris. Comment s'est construit ton parcours?

Je suis originaire de Bogotà en Colombie, je vis et travaille en France. C'est dans cette mixité entre tradition et modernité, entre culture ancienne et culture contemporaine que je trouve mon style.
Si je vis à Paris, je retourne régulièrement en Colombie. Je puise dans une culture populaire, fanfaronnante, haute en couleur et en folklore, en coutumes et en mythes, où l'on côtoie l'improbable, pour finalement créer un décor général dissonant et chaleureux.
Mais je n'en néglige pas moins les codes esthétiques et les courants de la mode tels qu'ils sont affichés dans la cité parisienne. Au contraire, je puise dans mes compétences acquises au sein de Martine Leherpeur Conseil, bureau de conseil en mode reconnu, où j'ai pu collaborer avec des marques prestigieuses telles que Kenzo, Christian Lacroix, Dior Parfums ou encore Nike, pour construire une marque très personnelle, comme une passerelle entre mes deux cultures.

Cela fait maintenant deux ans que tu as crée Warmi, d'où est venue cette idée?

D'une richesse digne d'El Dorado, la culture artisanale colombienne se perd de génération en génération. Les déplacements des indigènes et des paysans vers les grandes villes, la dévalorisation des métiers manuels auprès des jeunes et le manque de compétitivité des produits dans un marché très concurrentiel, sont les principales causes de la disparition progressive du savoir-faire artisanal.
C'est parce que je suis convaincue du potentiel créatif des artisans colombiens que j'ai voulu travailler avec eux et les aider à se développer. Au cours d'un voyage à Tausa, en plein cœur de la Cordillère des Andes, j'ai rencontré Luz Maria Rodriguez, artisane et professeur de tricot, celle qui deviendra la coordinatrice du groupe de femmes tisserandes impliquées dans la marque. C'est de cette rencontre exceptionnelle qu'est née Warmi, employée à profiter d'un savoir-faire traditionnel et à de créer de l'emploi pour ces femmes dont les familles ont fortement été touchées par la violence et la précarité.

Quelles ont été tes plus grandes difficultés ?

Je préfère parler de challenges que de difficultés. Mon plus grand challenge est lié au rythme de production. Dans un marché de la mode où tout doit aller très vite, je fais le pari de la lenteur… ou de redonner une valeur au vêtement par une production artisanale, soignée et réfléchie.
Aujourd'hui, Warmi ne cherche pas à produire selon un rythme excessif. Consciente des limites de production liées aux techniques artisanales (tout est entièrement conçu à la main), et aux logiques de surproduction et de surconsommation qu'imposent les mécanismes industriels, Warmi s'engage à ralentir son rythme de production entre les saisons en renouvelant sa gamme de manière plus minutieuse.
Le volume de productions est limité (50 pièces par modèle), chaque pièce est numérotée et signée par l'artisan qui la réalise. A l'époque du "fast fashion", je préfère le "slow fashion" !

Comment passe-t-on du design à la gestion d'entreprise ?

Je vois le design plus comme une logique que comme une pratique. Lorsque l'on conçoit un objet on doit penser à sa fonction (sensuelle ou pratique), à la personne qui va l'utiliser et au contexte dans lequel il va évoluer. On doit tenir compte des contraintes de fabrication, mais aussi de commercialisation et de communication. Enfin, il faut avoir une vision globale de l'impact d'une création tout le long de son cycle de vie.
Quant on est chef d'entreprise on doit avoir cette même vision, à une plus grande échelle.

Peux-tu nous décrire le cycle de vie d'un produit chez Warmi ?

1. Conception (à nos ateliers à Paris et/ou à Tausa avec les artisanes)
2. Réalisation de prototypes (Tausa)
3. Présentation aux acheteurs (Paris)
4. Production (Tausa)
5. Livraison en magasin
6. Achat par la cliente finale qui le porte et le garde très longtemps !

Aujourd'hui, quel est l'impact de Warmi sur la vie artisanale de Tausa en Colombie ?

La coopérative des artisanes permet aujourd'hui à une trentaine de femmes de compléter les revenus de leur foyer en préservant leur savoir-faire et en travaillant chez elles. Nous cherchons également à intégrer des femmes plus jeunes en les formant au métier de tisserande selon les mêmes techniques traditionnelles.
L'objectif à court terme est de permettre à la plupart de vivre intégralement de ce travail.

(Propos recueillis chez APCE) 

caroline

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